Un orage en mer !
C’était fin octobre sur la Méditerranée par une journée chaude, notre navigation prenait le chemin du retour à notre port d’attache.
Notre voilier, un onze mètres, venait de passer la semaine en navigation côtière de Marseille à Saint Tropez pour nous permettre de le prendre en main car nous en étions ses nouveaux propriétaires. Notre skipper nous a familiarisé aux manœuvres et à la navigation mais également à la sécurité du voilier et de son équipage.
L’ile des Embiez était la halte idéale pour passer la nuit au mouillage bien à l’abri du vent d’Est de force ¾ d’échelle beaufort et pour notre agrément nous avons mouillé l’ancre dans une petite anse du petit Rouveau avec quatre mètres de fond et quelques rochers affleurant au devant de la plage.
Mouillage tranquille et pendant que les hommes vérifiaient leur ancre, je préparais l’apéritif en installant la table dans le cockpit.
Tout était calme et agréable mais au loin, à l’Ouest, grondait un orage dans un ciel assombri et quelques éclairs marquaient l’horizon.
Le soir tombait et le spectacle de la foudre qui éclairait les nuages rendait ce moment d’observation magnifique.
Malgré le vent d’est qui n’avait ni mollit, ni changé de cap, il était préférable de prévoir un repli et une sortie en cas de changement du temps. Un planning de quarts a même été mis en place par le skipper pour surveiller l’évolution du temps. A minuit, nous sommes descendu nous coucher et à deux heures le skipper a vérifié le bateau et le temps puis s’est recouché.
Soudain, le bateau s’est mis à bouger bizarrement et nous nous sommes tous réveillés pour mettre en vitesse une veste de quart et sortir voir la raison de ce changement et en une seconde l’orage s’abattit sur notre crique, nous obligeant à quitter les lieux rapidement.
Moteur, guindeau, et gilets pour l’homme de l’ancre qui eu un peu de peine à la remonter tant le vent soufflait fort. Heureusement que la route avait été prévue pour sortir de notre mouillage car un rideau de pluie nous avait considérablement réduit la visibilité. Une fois en mer et après avoir contourné la Casserlane, une cardinale nord, nous avons mis le cap sur
la côte légèrement en diagonale pour prendre la houle qui s’était levée avec l’étrave plutôt que le tableau arrière.
Le ciel s’est déchainé en zébrant de tous côtés d’éclairs aussi impressionnants que dangereux. Par précaution, nous avions débranchés tous les instruments et seul nos feux de route été allumés.
Enfin protégé par une avancée rocheuse de la côte, la mer était plus calme et l’orage s’éloignait déjà et nous avons pu nous installer afin de nous sécher un peu et de nous recoucher pour une fin de nuit paisible. Il était 4 heures du matin.
Le lendemain le soleil était au rendez vous pour nous permettre de faire sécher les vêtements et aérer le bateau.
La mer avait oublié son orage, ses éclairs, ses vagues et son vent violent pour être aussi calme qu’un miroir mais moi je n’oublierais pas de si tôt.
Annie.