Une nav de nuit !

La journée se termine par un apéritif dans le cockpit pour préparer notre navigation de nuit. Il est 21h et le premier quart de deux heures commencera à 22h. Pour tirer au sort les équipes par cabine, Yvan le capitaine prend des sticks au sel pour le faire à la courte paille. L’avantage c’est que gagnant ou perdant, nous pourrons croquer notre biscuit.

Julie et moi même sommes de quart entre 2 et 4 heures du matin.

Notre voilier de 20 mètres glisse vers le couchant sous pilote automatique et les quatre cabines invitées feront les quarts sous l’œil vigilant d’Yvan et de Jacques, nos accompagnateurs.

Après le débriefing, chaque équipe vaque à son occupation mais Sylvie et Antoine se préparent pour le premier quart.

La mer est belle et la visibilité excellente le vent établi de force trois nous propulse de travers au cap 190° vers les Baléares et plus précisément  Mahon.

Dans la cuisine, les pates à la Lyonnaise se préparent pendant que le soleil décline sur l’horizon.

Diner en mer sous un ciel rougeoyant donne à ce repas un air magique où saveur et bonheur sont intimement liés.

La nuit est tombée, le bateau s’est éclairé et Sylvie est à la barre. Julie et moi rejoignons  notre cabine pour nous reposer et être disponibles pour notre quart. En passant devant la table à cartes, j’aperçois le sac de survie du bateau, tout est prêt, je peux aller dormir.

Le réveille sonne et nous nous habillons chaudement malgré l’été, il est deux heures moins le quart et dans le carré l’odeur du café nous accueille, c’est Yvan le capitaine qui s’est levé pour prendre la relève de Jacques qui lui va aller dormir.

Le bateau est sous pilote pendant que l’équipe descendante  passe le relais en nous donnant toutes les dernières informations nécessaires pour notre quart. Martine et Pierre vont se coucher.

Julie prend la barre et pendant ce temps je discute avec Yvan des dernières consignes puis je rejoins Julie et inspecte le bateau ; Yvan nous rejoint et lui aussi regarde la mer et le voilier puis va se mettre sur la couchette de quart où nous pourrons le réveiller si nous en avons besoin.

Sylvie et Antoine, lors de leur premier quart ont entendu le souffle de baleines qui devaient être proches du bateau.

Rapidement nous retrouvons le calme et le bruit des vagues qui se fendent sur l’étrave. Notre première heure s’écoule et la lune descend lentement sur l’horizon 

Il est 3 heures quand la brume monte de la mer et enveloppe le voilier dans un matelas de coton, la visibilité se réduit fortement et je descends mettre en route le radar et l’écran de pont pour vérifier notre environnement. Yvan a ouvert un œil et l’a refermé satisfait de notre prise de décision.

Je remonte auprès de Julie et le brouillard a complètement envahi la mer et la visibilité s’est réduite à quelques mètres autour du voilier.

Assis dans le cockpit, nous nous sommes rapprochés avec Julie comme pour unir nos forces et surtout apaiser nos angoisses  de ne plus pouvoir voir, même en écarquillant les yeux ; il faut se rendre à l’évidence, le radar est notre seul allié.

Tous les bruits deviennent étranges et mystérieux, nous croyons apercevoir des feux et entendre des baleines ou des formes curieuses et à chaque instant nous craignons de voir tout prés de nous un fantomatique vaisseau.

Tout à coup une tête ébouriffée  se dresse devant nous et d’une voix caverneuse nous demande : tout va bien les amoureux ? C’était Michele qui vient de se réveiller pour son quart.

Nous mettons le pilote automatique et descendons dans le carré pour passer les consignes avant de nous glisser sous la couette pour finir notre nuit ; il est quatre heures et la brume s’évapore sur la mer.

Michèle prend la barre et avant de m’endormir, je l’entends dire à Eric : « elle n’est pas belle la vie ? ».

Stan.